Gene Tierney, une star oubliée | ARTE Cinema
Elle alliait beauté saisissante et jeu tout en subtilité. Nourri d’extraits de ses mémoires et éclairé avec passion par Martin Scorsese, qui lui voue un culte cinéphile, le portrait de Gene Tierney (1920-1991), star énigmatique de l’âge d’or hollywoodien.
Légendaire patron de la Twentieth Century Fox, Darryl F. Zanuck lui décernait le titre de “plus belle femme de l’histoire du cinéma”. Star discrète de l’âge d’or hollywoodien et comédienne caméléon ayant tourné avec les plus grands, de Fritz Lang à John Ford, Gene Tierney, jeune fille de bonne famille happée par les studios à la faveur d’une visite avec ses parents – “Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma !”, lui lance le réalisateur Anatole Litvak –, a tout joué, de l’ingénue à la manipulatrice. Douce Martha du Ciel peut attendre de Lubitsch, inquiétante psychopathe dans le rôle d’Ellen de Péché mortel de John M. Stahl – un rôle à la Bette Davis –, intense amoureuse d’un fantôme dans l’inoubliable L’aventure de madame Muir de Mankiewicz… : cette “Fox Girl”, qui se mit à fumer pour voiler sa voix qu’elle jugeait trop haut perchée, s’est imposée aussi par la puissance de ses silences et sa présence. Car derrière le raffinement de ses traits, son chic et ses yeux lavande, affleuraient tout à la fois une mystérieuse sérénité et une insondable vulnérabilité. Avec Laura, femme énigmatique assassinée dont le portrait obsède l’inspecteur chargé de l’enquête, Otto Preminger, son cinéaste fétiche, l’inscrit durablement dans l’histoire du septième art. Mais Gene Tierney vacille, rongée par un drame personnel puis une dépression qui lui vaut électrochocs en série et internements. L’épouse du couturier Oleg Cassini – elle eut aussi une romance avec John Kennedy – s’éloignera prématurément des caméras pour trouver la paix auprès de Howard Lee, un magnat du pétrole qui saura, à force de tendresse, la tenir à distance de ses démons.
Aura mystérieuse
Au fil d’extraits lus de ses Mémoires et tirés de sa filmographie, qu’elle a traversée avec une délicatesse teintée d’élégance – trente-quatre films –, Clara et Julia Kuperberg (Billy Wilder – La perfection hollywoodienne, Joni Mitchell – Le spleen et la colère) retracent le parcours d’une femme éprouvée par la vie et d’une comédienne à l’aura mystérieuse et au jeu subtil, tout en intériorité, qui se souciait bien plus de son art que de son image. Comme le dit Martin Scorsese, ici longuement interviewé, qui lui voue un culte et dont la salle de projection personnelle est ornée des affiches de Péché mortel et de Laura, “derrière le masque de sa beauté” perçaient ses fêlures, qui la rendaient si touchante. Avec, aussi, les émouvants témoignages de ses petits-enfants et l’éclairage d’historiens du cinéma, le portrait sensible d’une grande actrice oubliée, populaire en son temps et cependant peu reconnue par le système.
Documentaire de Clara et Julia Kuperberg (France, 2016, 53mn)
Disponible jusqu’au 23/09/2024
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